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Par les jours de soleil, tant qu’on put lui faire croire seulement à un an de prison, elle restait longtemps à sa fenêtre : c’était là qu’elle m’avait si souvent attendue quand je revenais des dernières tournées de conférences, où Mme Bias était restée avec elle.

À partir du 14 juillet 1884 il fallut tout lui dire ; elle ne se mit plus à la fenêtre.

Je ne crois pas que cette douleur infligée à la pauvre vieille mère ait été bien profitable au bonheur de qui que ce soit.

Personne au monde n’y peut plus rien, on ne réveille pas les morts.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Elle est morte le 3 janvier 1885, à cinq heures moins trois minutes du matin.

Lorsque j’en descendis l’escalier, le matin du jour de l’enterrement, la laissant couchée dans le cercueil non encore cloué, je songeais à sa douleur depuis deux ans, je me sentais au cœur tout ce qu’elle avait souffert, pauvre mère ! Comme elle eût été heureuse de passer quelques jours avec moi !

On a bien agi en me laissant près d’elle à sa mort ; c’est pourquoi il faudrait peu de pudeur pour me faire grâce sur son cadavre.