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fonde affection, avant d’aller chez ses parents de Lagny.

Au no 24 de la rue Polonceau, après mon retour, bien fugitifs furent les instants de joie ; ma mère et Marie près de moi, j’avais presque peur ; le bonheur n’est-il pas un rameau si fragile qu’on le brise toujours en s’y reposant ?

Deux vieilles amies venaient chaque jour voir ma mère, elles avaient pour elle de ces petites attentions qu’aiment tant les vieillards et ma chère Marie restait près d’elle pendant chaque réunion ; tout cela est passé.

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Au 45 du boulevard Ornano, au quatrième étage, c’est là qu’elle subit la longue torture de deux années passées sans moi avant sa mort.

Son lit était placé parallèlement au corridor d’entrée, dans la chambre du milieu.

Au-dessus de la commode était un grand portrait de moi peint par Mme Jacqueline. Combien de fois la pauvre femme y eut les yeux pendant ces deux ans.

Il m’a semblé, pendant les derniers instants où il lui était difficile de parler, qu’elle me faisait comprendre de le donner à Rochefort qui me l’avait conservée pendant ces deux ans.