Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/441

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mais ne vous agitez pas tant, vos insultes me sont indifférentes.

On comprendra pourquoi, sur ces terribles douleurs, la mort de mon amie et celle de ma mère, je cite plutôt les amis qui ont raconté ces tristes jours que je ne les raconte moi-même.

Le courage a des bornes, on ne les passe que si le devoir l’exige.

Je trouve, dans le Dossier de la magistrature d’Odysse Barot, la relation exacte de l’arrestation de Marie Ferré et je cite ces pages écrites sous l’émotion encore vive de l’horrible scène ; elles serviront de préface à sa mort.


On se rappelle le procès de Théophile Ferré, membre de la Commune, son impassibilité dédaigneuse au poteau de Satory en face des douze chassepots qui allaient lui donner la mort. Cette mort, il l’attendit en souriant, le cigare à la bouche, les yeux non bandés ; chacun sait cela.

Seulement, il y a un détail qu’on ignore et qui n’a été écrit nulle part jusqu’à ce jour : c’est la façon dont fut opérée l’arrestation de Ferré, le moyen auquel on eut recours pour découvrir sa retraite.

Toutes les recherches avaient été infructueuses ; on avait peut-être arrêté cinq ou six pseudo-Ferré comme on a fusillé cinq ou six faux Billioray, cinq ou six Vallès.

Que fait-on ? On se dirige vers la petite maison de Levallois-Perret, rue Fazilleau, que l’ancien membre de la Commune habitait avec ses parents.