Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/440

Cette page a été validée par deux contributeurs.

puent ? Ces saletés sans nom sentent l’odeur fade des détritus !

Si l’activité énorme déployée par certaines gens pour tâcher de me salir eût été mise en mouvement pour une cause raisonnable, ils auraient été utiles. Que de qualités précieuses déviées à travers les bêtises de la société égoïste !

J’ai vu en Calédonie, sur un mamelon émergé dans les cyclones, un grand fucus encore tout visqueux des flots dont il s’était nourri ; deux rameaux qui tombent du haut sur la pente exposée au soleil deviennent déjà une liane nouvelle ; — ils s’accrochent maladroitement encore à la terre qui leur donnera des sucs plus chauds, et les feuilles, d’un vert moins noir, déjà s’imprègnent de la lumière.

Combien d’êtres, eux aussi, s’imprégneraient de lumière dans un autre milieu !

En attendant, que de haines déchaînées contre les murailles d’une prison s’usent inutilement les dents ! Vous cherchez le bonheur pour le ronger, pauvres fous ; passez votre chemin, le bonheur n’est nulle part ; je l’aurais eu si j’avais passé ces deux ans près de ma mère en la sentant heureuse ; mais vous voyez bien qu’il n’y a plus de crainte à avoir, puisqu’elle est morte. Rassurez-vous, je ne serai plus jamais heureuse ;