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Si les grands négociants des marchés de femmes qui parcourent l’Europe, faisant la place pour leur négoce, étaient chacun au bout d’une corde, ce n’est pas moi qui irais la couper.

Et si, quand une pauvre fille qui a cru entrer dans une maison honnête (il y en a) s’aperçoit où elle est, et se trouve dans l’impossibilité d’en sortir, elle étranglait de ses mains vengeresses un des misérables qui l’y retiennent ; si elle mettait le feu à ce lieu maudit, cela vaudrait mieux que d’attendre le résultat des plaidoiries à ce sujet, car il n’y en aura jamais d’autre que ce qui existe, tant que les choses seront telles.

Est-ce que les hiboux qui coupent les pattes aux souris pour les garder dans leur trou cesseront jamais d’agir ainsi ?

Si la souris captive, au lieu de pousser son petit cri plaintif entre le ciel et la terre également sourds, essayait de ronger la gorge au hibou qui la dévore, toutes les premières périraient ; mais la peur finirait par prendre la bête avide, et comme tout être veut vivre, elle finirait par se nourrir de graines plutôt que de crever.

C’est ainsi que doit procéder le misérable bétail humain ; la femme n’a pas à perdre son temps en réclamant des droits illusoires (ceux qui les lui promettent n’en jouissent pas eux--