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leur fera payer six fois la valeur afin de leur créer une dette.

Il y a aussi le recrutement : de vieilles misérables trouvent moyen de se faire emprisonner pendant quelques mois, et elles recrutent, elles racolent toutes les jolies filles qui y sont échouées ; il n’y a plus besoin qu’elles craignent d’avoir faim ; en sortant elles feront la noce.

Oui, elles la feront, la noce, à en crever ! Leur voix deviendra un rauquement, leur corps tombera en lambeaux. C’est la noce — la noce des bourgeois en appétit.

Celles de la rue sont encore les moins misérables, celles des maisons fermées ont une vie si horrible que cela étonne ceux qui ne s’étonnent plus.

Ce que j’entends là-dessus, je l’écrirai, parce que c’est si épouvantable, si honteux, qu’il faut qu’on le sache !

Mais en ce moment les batteuses de quart de la rue ont le dessus pour les histoires lugubres.

Est-ce qu’on ne s’apercevra jamais que c’est entretenir tous les crimes, et qu’une fois devenue drôlesse, la femme s’étourdira en se faisant donner de l’argent par des imbéciles qui deviendront des assassins. Tout le monde doit savoir cela ! Alors pourquoi le continuer ?