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sur un seul être qui gonfle le cœur du lecteur, mais la révolte contre les crimes sociaux.

C’est peut-être en cellule qu’on est le mieux pour tout entendre. Toute cellule donne sur une cour quelconque et les voix montent ; il n’y a qu’à suivre quelques-unes des parties de cet horrible chœur de la misère.

Écoutez : il y a entre les propriétaires des maisons de prostitution échange de femmes, comme il y a échange de chevaux ou de bœufs entre agriculteurs ; ce sont des troupeaux, le bétail humain est celui qui rapporte le plus.

Quand les michets de telle ou telle ville de province trouvent une femelle trop surmenée ou qu’ils en sont las, le propriétaire s’arrange pour que la fille doive à la maison une somme dont elle ne pourra jamais s’acquitter ; cela la fait esclave, alors on la troque dans tous les maquignonnages possibles. Il faut que le bétail aille dans l’étable où il sera plus profitable aux trafiquants.

Pour d’autres c’est un embauchage. Elles arrivent naïves de leur pays, ou si elles sont Parisiennes et qu’elles n’ignorent pas qu’il y a des ogres pour la chair fraîche ou des appétits à repaître, la misère les assouplit, et puis il y a les oripailleries fausses qu’une fois dans l’antre on