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Nous croyons, nous, que le capital, patrimoine commun de l’humanité, puisqu’il est le fruit de la collaboration des générations passées et des générations contemporaines, doit être mis à la disposition de tous, de telle sorte que nul ne puisse en être exclu ; que personne, en revanche, ne puisse en accaparer une part au détriment du reste.

Nous voulons en un mot l’égalité ; l’égalité de fait, comme corollaire ou plutôt comme condition primordiale de la liberté. À chacun selon ses facultés, à chacun selon ses besoins ; voilà ce que nous voulons sincèrement, énergiquement ; voilà ce qui sera, car il n’est pas de prescription qui puisse prévaloir contre des revendications à la fois légitimes et nécessaires. Voilà pourquoi l’on veut nous vouer à toutes les flétrissures.

Scélérats que nous sommes ! Nous réclamons le pain pour tous, la science pour tous, le travail pour tous ; pour tous aussi l’indépendance et la justice !


Ce manifeste était signé par le prince Kropotkine, Émile Gautier, Bordat, Bernard et quarante-trois autres prévenus. C’est Gautier qui l’avait rédigé.

Un seul compte rendu me reste des conférences de Lyon pendant le procès. Je ne me rappelle plus à quel journal il est emprunté. Le voici :

On télégraphie de Lyon, 19 janvier :


Hier soir, à la salle de l’Élysée, Louise Michel a fait une conférence au profit des familles des détenus anarchistes.

Kropotkine et Bernard ont été acclamés présidents d’honneurs.

En prenant la parole, Louise Michel reconnaît d’abord que la force seule peut transformer la société, puisqu’on l’emploie pour la détruire.

À Lyon, dit-elle, les anarchistes sont sur le banc des accusés. En Angleterre, ils sont membres de la Chambre des communes.

Elle rapportait, ajouta-t-elle, une adresse, signée par les réfugiés français de Londres, protestant contre le procès de Lyon et se déclarant solidaires des accusés et de leurs théories.