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conférences avec Jules Guesde, pour une grève encore.

Pendant le trajet, nous avions eu la comédie : un bonhomme racontant à un autre les enterrements d’hommes célèbres qu’il avait déjà vus, et si le diable existait, ce n’est pas lui qui raconterait ainsi. Je me demandais si c’était pour tout de bon. Ayant reconnu que oui, je craignais que Guesde ne s’avisât de déranger l’oiseau. Le bonhomme terminait ses espérances de convoi par celles dont bientôt Victor Hugo, dont il supputait l’âge, lui procurerait le spectacle ; ayant longtemps remué cette idée, il commença un autre sujet, Thiers.

Décidément il avait le dé de la conversation, ce corbeau funèbre ; l’autre, dont le cou était rouge comme celui d’un dindon l’admirait ainsi qu’une jeune femme aux yeux étonnés, quand un commis voyageur, un commis voyageur ni poseur ni vantard, le remisa en remplaçant par la vérité les bêtises de ce monsieur qui déplorait les misères des pauvres patrons.

Cette tournée présenta de gais incidents. Dans un café, une douzaine d’oisifs vinrent faire cercle autour de nous, nous regardant comme des bêtes curieuses.

Je me mis à crayonner leurs binettes et