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breton se tournera vers le vrai ; tout leur fanatisme sera pour l’avenir au lieu d’être pour le passé.

« Il y a longtemps que j’y pense, pour ma part, à la conquête de cette Bretagne, depuis le jour où, de la place de l’Hôtel-de-Ville, je regardais avec indignation les larges faces blondes des gars bretons, collées aux vitres de la maison commune, d’où ils nous canardaient avec tant de conviction, de par le plan Trochu.

« C’était le 22 janvier,

« Oh ! oui, nous les aurons, comme tous les autres, pour la Révolution, les fidèles du Roy, tout comme les autres prolétaires.

« Louise Michel. »


Notre amie la citoyenne Louise Michel, a adressé hier au rédacteur en chef de l’Intransigeant la lettre suivante, qui vise l’article intitulé Souvenirs de Satory :


« Au citoyen Rochefort,
« Mon cher compagnon de route,

« Je viens vous serrer la main pour votre article d’aujourd’hui.

« Comment pouvaient-ils s’imaginer, ces gens-là, que la poursuite et les cris d’une meute inconsciente pouvaient m’émouvoir, tandis que j’avais devant moi Satory ?

« C’est absolument comme si je m’étais amusée à me plaindre à la presqu’île Ducos, avec l’île Nou à l’horizon.

« Nous avons pu constater, une fois de plus, que les arguments sérieux font défaut à nos adversaires. Ils emploient les hurlements : c’est avouer qu’ils sont perdus.

« Ce troupeau, du reste, ne manquait pas de pittoresque ; il y avait surtout un mendiant boiteux, s’allongeant