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accueil enthousiaste à la conférencière, qui a parlé sur la propagande révolutionnaire.

Lorsque la citoyenne s’est retirée pour aller donner une autre conférence à l’Hippodrome, celle-ci dans un milieu bourgeois, réactionnaire, l’honnête et vaillante population gantoise voulait lui faire cortège pour la protéger contre les insulteurs.

— Il ne faut pas, leur a dit Louise Michel, laisser croire aux ennemis du peuple que nous prenons pour idole les uns ou les autres de nous. Nous ne devons faire cortège qu’à la Révolution. C’est pourquoi je vous demande de me laisser partir seule.

Autant les ouvriers se sont montrés calmes et enthousiastes, autant les réactionnaires de l’Hippodrome se sont montrés sauvages, furieux !

Les cléricaux en délire avaient depuis trois jours préparé des choristes hurleurs qui devaient empêcher d’entendre. On ne voyait que bouches largement ouvertes, poussant des cris furieux, et une levée de gourdins à faire envie à Piétri !

Côté comique : la conférencière a gardé comme souvenir des arguments cléricaux un fragment de banquette, du poids de deux kilos, qui lui a été jeté sur la tête.

Les meutes catholiques s’assemblaient dans les rues, où elles donnaient de la voix contre les socialistes, dont on avait tenté d’assassiner celui qu’ils désignaient comme leur chef, le courageux Anseele, qui ne leur a échappé des mains que grâce à notre intervention dans la lutte.

Nous avons eu jusqu’au soir le spectacle des fureurs épileptiques de ceux qui, en étouffant une conférence, croient avoir sauvé la religion et la société.

Sans la protection du bourgmestre et du commissaire de