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Modeste, elle savait être héroïque et fière.
Souvent, nous admirions ce contraste charmant !
Maintenant, c’en est fait, dans le noir cimetière
Pour jamais elle dort, emportant en mourant
Notre dernier sourire ; et mon cœur sous sa pierre
Se sent enseveli vivant.

Entre le ciel désert et la terre marâtre,
Quand, parfois, nous avons des trésors aussi beaux,
C’est afin que la mort vienne nous les abattre,
Afin que tout soit deuil sous les rouges drapeaux.
Tous ceux que nous aimons comme un sarment dans l’âtre
Vivants sont pris par les tombeaux !

Ô Révolution ! mère qui nous dévore
Et que nous adorons, suprême égalité !
Prends nos destins brisés pour en faire une aurore.
Que sur nos morts chéris plane la liberté !
Quand mai sinistre sonne, éveille-nous encore
À ta magnifique clarté !

Louise Michel.
Février 1882.


Je croyais mourir après ce coup terrible ; ma mère me restait, ma mère et la Révolution. Maintenant je n’ai plus que la Révolution.


Si ces Mémoires auront un grand nombre de volumes ? Je n’en sais rien ! cela dépend de bien des choses. Si on voulait tout dire on écrirait sans fin.