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défense de porter les bannières de couleurs prohibées le faisait présager.

Ô mes amis, que nul d’entre vous après la victoire du peuple ne soit assez fou pour songer à un pouvoir quelconque.

Tous les pouvoirs feront de ces choses-là, tous ! Quand on a revêtu la tunique de Nessus de l’autorité, on sent en même temps les effluves de Charenton.

Que cette fois le peuple soit le maître ; le sens de la liberté se développera. Peut-être vaudra-t-il mieux pour lui que nous tombions dans la lutte afin qu’après la victoire il ne se fasse plus d’états-majors, et comprenne qu’à tous le pouvoir est juste et grand, qu’à quelques-uns il affole.

Un ami me récite un passage de journal dont il veut que j’aie connaissance. Après les brutalités de ceux qu’enivrent le vin et le sang, il y a comme en Soixante-et-onze ceux qui les applaudissent, les encouragent, trouvent qu’il n’y a pas assez de meurtres commis.

Nous, au lendemain de la victoire et même l’instant où elle nous appartiendra, nous aurons, je l’espère, autre chose à faire que des infamies pareilles.

La Révolution est terrible ; mais son but étant le bonheur de l’humanité, elle a des combattants