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Marie restait près de ma mère quand je sortais et je pus ainsi parcourir le Midi où les divers groupes révolutionnaires m’avaient appelée.

À Bordeaux j’étais avec Cournet. Je me souviens qu’à une réunion intime où se trouvaient représentées les diverses fractions échelonnées sur le chemin que nous parcourions, on agita la question de la mort.

— Nous, nous mourrons debout ! s’écria Cournet. Il pensait au branle-bas qui aura lieu quand de partout la Révolution montera à l’assaut de la vieille épave.

Ce jour-là tout le monde donnera, et les jeunes, et les revenants de l’hécatombe, probablement les derniers blanquistes ; ces liens appuieront les forces révolutionnaires comme une armée. En tête Soixante-et-onze prendra sa place avec les groupes anarchistes où nous avons le droit de mourir aussi debout. Mais ne vous plaignez pas, amis fauchés au rouge anniversaire que les drapeaux arrosés de sang conduisent au Père-Lachaise. Vous êtes morts sans cesser la lutte ; c’est mourir debout.

J’ai su vaguement, car je ne lis pas les journaux depuis deux ans, ce qui s’est passé au Père-Lachaise le 26 mai.

C’était impossible qu’il en fût autrement ; la