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Salon et que je lui ai laissé faire malgré l’ennui que j’éprouvais de poser en ce moment : c’était immédiatement après la mort de Marie, je crois que le jeune artiste a mis cette légende : Louise Michel à la salle Graffard.

J’ai laissé faire ce portrait pour ne pas contrarier un enfant de talent, sûre que j’étais qu’il serait reçu pour deux raisons. Celle que je place la première est qu’il peint bien ; la seconde sur laquelle je comptais pour lui est que ce portrait ressemble trait pour trait, et surtout expression pour expression, non pas à moi, mais à une ancienne prisonnière que j’ai vue en 72, à la centrale d’Auberive et qui s’appelle Mme Dumollard.

Je rends justice à ma laideur, mais entre cela et le portrait, magnifiquement peint — mais ne me ressemblant en rien — dont je parle, il y a la différence qu’on peut vérifier par n’importe quelle photographie de moi mise auprès du portrait.

La réaction devait se frotter les pattes en disant : Quel monstre !

Cela m’a fait rire jusqu’à ce qu’on ait eu la bêtise de raconter à ma mère divers incidents ; mais son ennui n’a pas tenu devant la scène suivante :

Un bonhomme tiré au moins à un million d’épingles, un bonhomme bête et raide comme