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je lui en ai envoyé toute ma vie, sauf depuis le retour de Calédonie. Pourquoi faire ? Le maître était fêté par tous, même par ceux qui, autrefois, étaient loin de le fêter ; je n’avais nul besoin d’assister aux jours joyeux. Mais, sur la tombe où osera parler M. Du Camp de Satory, je reviens, criant de la prison, comme les morts crieraient s’ils sentaient à travers le néant, à travers la terre : « Arrière ! les bandits ! Salut au barde qui maudissait les bourreaux ! »


AUX MÂNES DE VICTOR HUGO
Tu peux frapper cet homme avec tranquillité.
Victor Hugo.

Aux survivants de Mai, dans la grande hécatombe,
Il offrit sa maison ; aujourd’hui, sur sa tombe,
C’est Maxime Du Camp,
Du Camp de Satory ! qui prendra la parole.
Pourquoi, pour saluer ce barde au Capitole,
Un front marqué de sang ?

De ce sang des vaincus, qui fit horreur au maître ;
Non pas dans les combats, mais après, comme un traître.
Comme à la chasse un chien
Fait lever le gibier, ce mouchard volontaire,
Six ans nous l’avons vu, pour les conseils de guerre,
Chasser au citoyen !

Le bourreau Gallifet se montre face à face ;
On sait les quinze noms de ceux du coup de grâce ;
Dans l’abattoir sanglant