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voile de cristal, les éclairs se montrent splendides d’horreur.

Quel silence au lendemain ! Sur le rivage échancré, sont jetées ensemble les épaves arrachées aux entrailles de la mer et celles qui viennent de la presqu’île ou de l’île Nou.

Sur une branche arrachée à la forêt, une femelle d’oiseau à lunettes couve ses petits que le cyclone a emportés sans les briser. J’attache le mieux possible la branchette à un gommier ; elle sera toujours mieux qu’à terre.

Comment les oisillons ne sont-ils pas tombés du nid pendant leur terrible voyage ? Il a fallu que la mère les tînt pressés sous elle.

Dans la race humaine, par des incendies ou d’autres sinistres, quelques parents affolés oublient leurs enfants en s’enfuyant.

Le second cyclone, je l’ai vu de jour, à Nouméa ; c’était beau mais moins grand que le cyclone de nuit à la presqu’île Ducos.

Les toitures de tôle s’envolant comme d’immenses papillons faisaient un effet étrange ; la mer aboyait avec rage et nous trempions dans l’eau plus qu’elle ne tombait tant elle se versait comme un océan, et, pourtant, l’effet dramatique était moins terrible ; serais-je déjà blasée là-dessus comme sur le reste ?