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dre plaisir à ses récits, tant et si bien que du feullot à Faust, j’en vins à m’éprendre tout à fait du fantastique, et que dans les ruines hantées du châté païot je déclarai, au milieu de cercles magiques, mon amour à Satan qui ne vint pas. Cela me donna à penser qu’il n’existait pas.

Un jour, causant d’arbre en arbre avec Jules, je lui racontai l’aventure et il m’avoua, de son côté, avoir envoyé une déclaration non moins tendre à une femme de lettres célèbre, Mme George Sand, qui n’avait pas plus répondu que le diable : l’ingrate !

Nous résolûmes d’accorder nos luths sur d’autres sujets ; j’en avais justement offert un, fabriqué comme le mien, à mon cousin, après une répétition, je crois, des Burgraves ou d’Hernani, arrangé par nous pour deux acteurs. Dans une discussion orageuse sur l’égalité des sexes, Jules ayant prétendu que si j’apprenais dans ses livres, apportés aux vacances (à peu près de manière à être de niveau avec lui), c’est que j’étais une anomalie. Nos luths, servant de projectiles, se brisèrent dans nos mains, au milieu du combat.

En regardant au fond de ma mémoire j’y retrouve une chanson de cette époque :