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l’avait en horreur et le provoquait tellement en lui crachant au visage qu’il aurait peut-être fini par l’étouffer dans ses replis. Il la suivait de ses petits yeux de reptile avec une expression peu sympathique.

Entre eux, les animaux calédoniens emploient les poisons dont ils ne peuvent atteindre l’homme : la mouche bleue, de la taille d’une guêpe, qui emmène pour le sucer le cancrelat dans son repaire, le pique avant de lui crever les yeux ; il est probable qu’elle lui injecte une sorte de curare.

Une autre mouche, grosse comme un frelon, mure dans son nid, sans doute pour la nourriture de ses larves, d’autres mouches qu’elle doit anesthésier comme celles d’Europe le font aux chenilles qu’elles murent également dans les alvéoles de leurs nids. Un scorpion, inoffensif pour l’homme, attire, en les fascinant, les insectes dont il fait sa proie.

Il y a parmi les bruyères roses, au sommet des hauts mamelons de la forêt Ouest, d’énormes rochers écroulés comme des ruines de forteresses, des lianes aux feuilles fragiles, aux fleurs embaumées, voilant d’énormes mille-pieds qui s’enlacent comme des serpents autour d’une foule d’autres insectes ; je ne les ai pas vus les man-