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La Calédonie est la terre des bois précieux : le bois de rose, l’acajou aux fruits jaunes ou rouges, le bois ferde, les faux ébéniers, le dragonnier à la sève sanglante, et tant d’autres.

Certains arbres sont en train de s’en aller, ou viennent avec les Européens. Comme il arrive avec chaque émigration, des tribus de petits chênes s’acclimatent ou périssent.

Ceux-là s’en vont, car nul chêne n’a donné là-bas les glands d’où ils auraient germé.

Là-bas, chaque plante, chaque arbre a son insecte, son insecte de la couleur de son bois quand il est chenille, de la couleur de ses fleurs quand il est ailé.

La chenille de l’herbe porte deux bandes vertes, celle du niaouli est un ver qu’on peut confondre avec la branche qu’il ronge, et il se métamorphose en une sorte de demoiselle, dont les ailes et le corps imitent le bois et les feuilles du niaouli.

Sur chaque arbre vit une punaise qui n’appartient qu’à cet arbre-là. Toutes sont de véritables pierres précieuses, des rubis, des émeraudes, décorés d’ornements finement dessinés ; quelques-unes sont transparentes comme du cristal. Elles ne sentent pas mauvais, privilège qu’on ne peut accorder aux Canaques, lesquels s’enduisent