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aux œufs de la première qui éclosent dans les brousses, y sautent longtemps, sans ailes comme des grillons, avant de prendre leur vol, de dévorer la seconde récolte et de s’en aller ailleurs détruire la végétation d’une autre contrée, pondre et mourir.

Rien de beau comme la neige grise et tournoyante des sauterelles ; tout le ciel est pris par cette teinte uniforme ; on voit au travers le soleil tamisé par les flocons d’insectes comme à travers un crible et les flocons gris tombent, tombent toujours dans des clairs-obscurs étrangement noyés.

Les sauterelles n’attaquent qu’en dernier lieu les ricins qui viennent partout et, souvent, elles ne les attaquent pas du tout ; on pourrait donc élever, en Nouvelle-Calédonie, les vers à soie de ricin presque aussi estimés dans les Indes que ceux du mûrier.

Pendant dix ans, j’ai demandé des œufs de ces vers ; mais (je demande pardon aux savants qui me les ont envoyés, de raconter ceci) comme les œufs étaient d’abord dirigés sur Paris, d’où ils retournaient sur l’océan avec les lettres du courrier, ils étaient toujours éclos dans ces pérégrinations.

Pourtant nous avons vu arriver des navires