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des prisonniers, dîne au Palais Bourbon chez le chef de l’État, y déposer contre les bandits Aleyron et Ribourt.

S’ils privaient de pain les déportés ; s’ils les faisaient provoquer, à l’appel, par des surveillants, le revolver au poing ; si on tirait sur un déporté rentrant le soir dans sa concession, ces gens-là n’étaient pas envoyés là-bas pour nous mettre sur des lits de roses.

Quand Barthelémy-Saint-Hilaire est ministre ; Maxime du Camp à l’Académie ; quand il se passe des faits comme l’expulsion de Cipriani, celle du jeune Morphy et tant d’autres infamies ; quand M. de Gallifet peut de nouveau étendre son épée sur Paris et que la même voix qui réclamait toutes les sévérités de la loi contre les bandits de la Villette s’élèvera pour absoudre et glorifier Aleyron et Ribourt, j’attends l’heure de la grande justice !

Recevez, monsieur le président, l’assurance de mon respect.

Louise Michel.


La fin de ma lettre du 18 avril 1875 avait trait à un projet dont nous nous entretenions, Mme Rastoul et moi, au moyen d’une boîte allant, pleine de fil, pelotes ou petits objets de ce genre, de la presqu’île à Sydney. Nos lettres étaient entre deux papiers collés dans le fond de la boîte.

Il s’agissait qu’une nuit, après l’appel, je devais, par les sommets de la montagne, gagner la forêt nord par le chemin de laquelle on pouvait, en observant trois ou quatre précautions assez chanceuses, gagner Nouméa par le cimetière.