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2e protestation :


Numbo, 20 mai 1875.

La déportée Louise Michel, no 1, proteste contre la mesure qui assigne aux femmes déportées un domicile éloigné du camp, comme si leur présence y était un scandale. La même loi régit les femmes et les hommes déportés, on ne doit pas y ajouter une insulte non méritée.

Pour ma part, je ne puis aller à ce nouveau domicile sans que les motifs pour lesquels on nous y envoie, étant honnêtes, soient rendus publics par l’affiche ainsi que la manière dont nous y serons traitées.

La déportée Louise Michel déclare que, dans le cas où ces motifs seraient une insulte, elle devra protester jusqu’au bout, quoi qu’il lui en arrive.

Louise MICHEL, no 1.


Le lendemain de nos protestations, on nous prévint d’avoir à déménager dans la journée, chose que nous nous empressâmes de ne pas faire, ayant bien résolu de ne pas quitter Numbo avant qu’on eût fait droit à nos justes protestation et déclaré que nous étions prêtes à aller en prison si on voulait, mais nullement à nous déranger pour déménager.

Ayant affirmé, du reste, qu’une fois l’affiche insolente réparée et nos logements disposés de façon à ne pas nous gêner les unes les autres, nous n’avions nulle raison pour préférer une place à l’autre.

Allées et venues, menaces du gardien-chef qui, fort embêté, vint à cheval vers le soir pour nous paraître plus imposant ; pétarade du cheval, qui s’ennuyant de la longue pause de son maître devant nos cases le remporte plus vite qu’il ne veut au camp militaire.