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d’Auberive le mardi 24 août 1873, entre six et sept heures du matin.

J’avais vu ma mère la veille et remarqué pour la première fois que ses cheveux devenaient blancs.

Pauvre mère !

En traversant Langres, des ouvriers sortirent de leur atelier au nombre de cinq ou six et ôtèrent leurs casquettes ; c’étaient des travailleurs du fer, des couteliers. Leurs bras nus jusqu’au coude étaient noirs.

L’un d’eux, dont la tête était blanche, brandissant son marteau, jeta un cri dont le roulement de la voiture couvrit la moitié. C’était : Vive la Commune !

Quelque chose comme une promesse de rester digne de ce salut me traversa le cœur.

Le soir, nous arrivâmes à Paris dans la voiture cellulaire qui allait de la gare de l’Est à la gare d’Orléans ; je devinai la petite boutique de la rue Saint-Honoré où, après mon départ, ma mère devait entrer chez une parente.

Le mercredi, vers quatre heures de l’après-midi, nous arrivâmes à la maison d’arrêt de la Rochelle.

La Comète, où nous fûmes traités en vaincus et non en malfaiteurs, nous transporta de la Ro-