Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/299

Cette page a été validée par deux contributeurs.



Et les flottantes étincelles,
Et les mondes au loin perdus,
Regardent comme des prunelles.
Partout vibrent des chants confus,
Disant les aurores nouvelles :
Le coq gaulois frappe ses ailes.
Au gui l’an neuf, Brennus ! Brennus !

La vue de ces gouffres enivre,
Plus haut, ô flots ! plus fort, ô vents !
Il devient trop étroit de vivre,
Tant ici les songes sont grands !
Ah ne vaudrait-il pas mieux être
Dans le fracas des éléments,
À la source rendre son être,
Se mêler aux ardents courants ?

Enflez les voiles, ô tempêtes !
Plus haut, ô flots, plus fort, ô vent !
Que l’éclair brille sur nos têtes.
Navire, en avant, en avant !
Pourquoi ces brises monotones ?
Ouvrez vos ailes, ouragans !
Nous nous en allons aux cyclones ;
Navire, en avant, en avant !


Il y a peut-être beaucoup de vers dans mes Mémoires ; mais c’est la forme qui rend le mieux certaines impressions, et où aura-t-on le droit d’être soi-même et d’exprimer ce qu’on éprouve, si ce n’est dans des Mémoires ?

Deux ou trois feuillets me restent de mon journal de bord ; j’y vois que nous sommes parties