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du vent, et le branle-bas et les bruits des manœuvres, et le coup de sifflet, quand les matelots halent sur l’ancre, s’arrêtent et tiennent bon ; et le roulement rude du câble, les sons des cuivres, les chants des matelots qui tirent au cabestan. L’harmonie devenant une force sans laquelle il leur serait impossible de jeter ou remonter l’ancre.

Le bateau tournant sur lui-même, je revois les ports de relâche, les Canaries, Sainte-Catherine, etc.

On déploie les huniers, on les borde, on les hisse ; les matelots, montés sur les vergues, déroulent les rubans de déferlage ; la toile gonflée leur échappe, les voiles s’ouvrent au vent, et la terre disparaît.

Je cite une pièce de vers encore, parce qu’elle fut écrite sous l’impression du moment et la rendra mieux.


À BORD DE LA VIRGINIE
15 septembre 1873.

Voyez, des vagues aux étoiles,
Poindre ces errantes blancheurs !
Des flottes sont à pleines voiles
Dans les immenses profondeurs :
Dans les cieux, des flottes de mondes ;
Sur les flots, les facettes blondes
De phosphorescentes lueurs.