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Qu’on me permette de citer encore un entrefilet publié par moi dans la Révolution sociale. Il avait tout simplement pour titre : À M. Andrieux. Je ne sais qui (Andrieux lui-même peut-être) y avait substitué celui-ci : Silence à l’infâme !


SILENCE À L’INFÂME !

Le renégat Andrieux en me nommant à l’Arbresles, a provoqué une réponse, le malfaiteur a fait des aveux précieux, il a avoué qu’il nous avait fait revenir, mes compagnons et moi, pour nous avoir sous sa patte de bourreau, pour nous déshonorer par des condamnations infamantes, pour nous faire mourir à petit feu.

Nouméa était trop loin pour qu’Andrieux pût assouvir sa haine contre les épaves de la Commune ; à Lyon il les a fait arrêter de sa main ou assassiner par ses soldats : aujourd’hui il lui faut de la chair à casse-tête, et c’est pour cela qu’il voté l’amnistie. Il le dit, il s’en flatte. Ce n’est pas révocation, c’est justice qu’il faut pour celui que l’on réserve comme exécuteur des hautes œuvres et valet de bourreau de toutes les tyrannies. Croit-on que les Français supporteront ce que les moujiks rejettent fièrement ? Non ; nous aussi, nous savons mourir, mais nous ne savons pas vivre sous le fouet. Il est des injures que les hommes qui se disent politiques ne sentent pas ; sans cela le pourvoyeur des gibets aurait reçu autant de gifles qu’il y a de mains au conseil municipal. Puisqu’il est inviolable pour les gens en place, c’est à ceux qui sont indépendants à se faire justice !

Louise Michel.