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Voici un deuxième article :


En voyant mon nom parmi ceux qu’on propose pour des candidatures, je me sens obligée à une réponse.

Je ne puis m’élever contre les candidatures de femmes, comme affirmation de l’égalité de l’homme et de la femme. Mais je dois, devant la gravité des circonstances, vous répéter que les femmes ne doivent pas séparer leur cause de celle de l’humanité, mais faire partie militante de la grande armée révolutionnaire.

Nous sommes des combattants et non des candidats.

Des combattants audacieux et implacables : voilà tout !

Les candidatures de femmes ont été proposées, cela suffit pour le principe ; et comme elles n’aboutiraient pas, et dussent-elles même aboutir, elles ne changeraient rien à la situation. Je dois donc, pour ma part, prier nos amis de retirer mon nom.

Nous voulons, non pas quelques cris isolés, demandant une justice qu’on n’accordera jamais sans la force ; mais le peuple entier et tous les peuples debout pour la délivrance de tous les esclaves, qu’ils s’appellent le prolétaire ou la femme, peu importe.

Donc, que ceux qui espèrent encore au résultat par le vote mettent des noms d’ouvriers ; que ceux dont le cœur est plein d’un immense dégoût pour ce gouvernement de bas-empire qu’on appelle république, au lieu de s’abstenir si cela ne leur plaît pas, acclament le principe sacré de la révolution sociale, en réveillant le nom de leurs mandataires assassinés en 1871 : c’est toujours sortir du sommeil, — ce sommeil sinistre où nous ne laisserons pas le peuple, car pendant ces sommeils-là se font les empires et grandissent les opportunismes…

S’il est opportun à certaines gens que la fille du peuple