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Saint-Just, trouvent que celui qui se fait dirigeant commet un crime.

Devant le libre désert des flots, je ne suis pas la seule qui ait réfléchi à l’éternel : « Plus ça change, plus c’est la même chose ».

Je devais donc, trouvant au retour un journal anarchiste, donner tête baissée à la première invitation à collaborer.

Je connaissais le programme de la Révolution sociale. En voici un fragment. Qui aurait pu penser à voir M. Andrieux dans le comité de rédaction !


« Que le parti révolutionnaire s’organise solidement, sur son propre terrain, avec ses propres armes, sans rien emprunter à ses ennemis de leurs institutions, de leurs sophismes, ni de leurs procédés ; qu’il s’apprête, lorsque les « temps héroïques » seront revenus, à faire le siège de l’État, de la forteresse qui défend et protège les avenues du privilège et à n’en pas laisser pierre sur pierre !

DE CHACUN SELON SES FORCES, À CHACUN SELON SES BESOINS.

Nous croyons, en effet, que la société, n’étant nullement chose d’innéité ni d’immanence, mais une invention humaine, destinée à combattre les fatalités naturelles, doit surtout profiter aux faibles et les entourer d’une sollicitude particulière, qui compense leur infériorité. Par conséquent, le but qu’il faut proposer à nos espérances, c’est la création d’un ordre social dans lequel l’individu,