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Au temps où j’avais des préférences, je songeais à l’échafaud d’où l’on salue la foule, puis au peloton d’exécution dans la plaine de Satory.

Le mur blanc du Père-Lachaise ou quelque angle de mur à Paris m’aurait plu ; aujourd’hui je suis blasée ; peu importe comment, peu importe où, je n’y bouderai pas. Au grand jour ou dans un bois, la nuit, qu’est-ce que cela me fait ?

J’ignore où se livrera le combat entre le vieux monde et le nouveau, mais peu importe : j’y serai.

Que ce soit à Rome, à Berlin, à Moscou, je n’en sais rien, j’irai et sans doute bien d’autres aussi.

Et quelque part que ce soit, l’étincelle gagnera le monde ; les foules seront partout debout, prêtes à secouer les vermines de leurs crinières de lions.

En attendant on parle toujours et on n’agit guère ; ce sont les grondements du volcan ; la lave débordera quand on n’y songera pas.

On dansera encore ce soir-là dans les Élysées, et les parlements diront encore : Il y a longtemps que cela gronde, cela grondera toujours sans qu’on y puisse rien faire. Alors viendra la grande débâcle, comme si les soulèvements des peuples n’arrivaient pas à leur heure comme ceux des