Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/251

Cette page a été validée par deux contributeurs.


II


Qui nous dit que nos sens ne nous trompent pas ? Absolument comme le voyageur qui croirait voir marcher la route, quand c’est lui qui marche.

Il y a : que le progrès va toujours, que la révolution enfle les voiles, et qu’on saura un jour !

Il y a aussi de vrai : que nul ne peut être loué de ce qu’il fait, puisqu’il le fait parce que cela lui plaît ; il n’y a pas d’héroïsme, puisqu’on est empoigné par la grandeur de l’œuvre à accomplir, et qu’on reste au-dessous.

On dit que je suis brave ; c’est que dans l’idée, dans la mise en scène du danger, mes sens d’artiste sont pris et charmés ; des tableaux en restent dans ma pensée, les horreurs de la lutte comme des bardits.

Ainsi, en mars 71, le défilé des prisonniers allant de Montmartre à Satory m’est présent dans tous ses détails.