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D’autres fois, une idée se lève tout à coup, tandis que d’autres disparaissent ; c’est le temps qui soulève les volcans sous les vieux continents et fait germer des sens nouveaux aux êtres pour le cataclysme prochain.

La pensée, roulant à travers la vie, se transforme et grandit, entraînant mille forces inconnues.

Oui, certes, l’homme futur aura des sens nouveaux ! On les sent poindre dans l’être de notre époque.

Les arts seront pour tous ; la puissance de l’harmonie des couleurs, la grandeur sculpturale du marbre, tout cela appartiendra à la race humaine. Développant le génie au lieu de l’éteindre, les artistes rivés au passé déraperont, eux aussi, leur vieille épave ; il faut que de partout on lève l’ancre.

Allons, allons, l’art pour tous, la science pour tous, le pain pour tous ; l’ignorance n’a-t-elle pas fait assez de mal, et le privilège du savoir n’est-il pas plus terrible que celui de l’or ! Les arts font partie des revendications humaines, il les faut à tous ; et alors seulement le troupeau humain sera la race humaine.

Qui donc chantera cette Marseillaise de l’art, si haute et si fière ? Qui dira la soif du savoir,