Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/245

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ma grand’mère m’y apprit à lire, me montrant les lettres avec sa grande aiguille à tricoter.

Le livre était posé sur le même pupitre où elle me faisait solfier dans les vieux grands solfèges d’Italie où elle-même avait appris.

Élevée à la campagne, je comprenais les révoltes agraires de la vieille Rome ; sur ce livre j’ai versé bien des larmes ; la mort des Gracques m’oppressait, comme plus tard les potences de Russie.

Il était impossible avec tout cela de ne pas jeter ma vie à la Révolution.

J’achèverai ce chapitre par l’accusation, souvent portée contre moi, par certains amis, témoins oculaires. Il paraît qu’à la barricade Perronnet, à Neuilly, j’ai couru avec trop de promptitude au secours d’un chat en péril.

Eh bien ! oui, mais je n’ai pas pour cela abandonné mon devoir.

La malheureuse bête, blottie dans un coin fouillé d’obus, appelait comme un être humain. Ma foi, oui ! je suis allée chercher le chat, mais cela n’a pas duré une minute ; je l’ai mis à peu près en sûreté là où il ne fallait qu’un pas.

On l’a même recueilli.

Une autre bête d’histoire d’animaux ; c’est plus récent. Des souris avaient fait leur apparition