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die de M. Laumond, le grand, et j’avoue que depuis l’instant où le curé l’avait déposé près de lui, j’étais préoccupée par ce qu’il pouvait bien y avoir sous cette couverture de peau brune ; ce ne devait pas être un livre d’enfant ; peut-être que ma préoccupation ne lui aura pas échappé.

Puisque j’ai parlé du petit volume volé à M. Laumont ; puisque j’ai dit que chacun de nous est, je crois, capable de tout le bien et de tout le mal qui se trouve dans ses cordes, j’avouerai encore que je prenais sans remords à la maison, étant enfant, depuis l’argent, quand il y en avait, jusqu’aux fruits, légumes, etc., Je donnais tout cela au nom de mes parents, ce qui faisait de bonnes scènes quand certaines gens s’avisaient de remercier. J’en riais, incorrigible que j’étais.

Une année, mon grand-père me proposa vingt sous par semaine si je voulais ne plus voler, mais je trouvai que j’y perdais trop.

J’avais limé des clefs pour ouvrir l’armoire aux poires et autres, dans laquelle je laissais de petits billets en place de ce que j’avais pris. Il y avait par exemple ceci : Vous avez la serrure mais j’ai la clef.

Enfin, les terres rapportaient si peu que, ni mon oncle qui les faisait à moitié, ni nous, personne n’arrivait à joindre les deux bouts ; je sentis que