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Les brises toutes parfumées
Vous emportent en liberté.

Rose de l’églantier sauvage
Que dore le soleil levant,
Tu tomberas au vent d’orage
Feuille à feuille dans le torrent.

Roses blanches, fières et belles,
Fleurissez pour les fronts charmants
Que la mort couvre de ses ailes.
Roses de mai, douces et frêles,
Parez les tombes des enfants.

Ô roses, le vent a des ailes ;
Mais tant que le sol sera chaud,
Il naîtra des roses nouvelles,
Toutes fraîches pour le tombeau.

Et toi, rose du cimetière,
Fleuris à l’ombre doucement.
Et, blanche ou rouge, dans le lierre
Élève ton front rayonnant.

À Clermont, devant ma fenêtre,
Fleurissait un grand rosier blanc.
Quand la fleur s’ouvre on voit paraître
Sur sa chair un filet de sang.

Ma mère aimait ces belles roses.
C’était fête quand je pouvais
En envoyer fraîches écloses ;
Elle n’en aura plus jamais.

FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE