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J’ai ici la corbeille dans laquelle ma mère mettait ses fils pour travailler.

Souvent, des amis venaient veiller avec nous ; quand Bertrand était là, ou le vieil instituteur d’Ozières, M. Laumond le petit, la veillée se prolongeait ; on voulait m’envoyer coucher pour achever des chapitres qu’on ne lisait pas complètement devant moi.

Dans ces occasions-là, tantôt je refusais obstinément (et presque toujours je gagnais mon procès), tantôt, pressée d’entendre ce qu’on voulait me cacher, je m’exécutais avec empressement, et je restais derrière la porte au lieu d’aller dans mon lit.

L’été, la ruine s’emplissait d’oiseaux, entrant par les fenêtres. Les hirondelles venaient reprendre leurs nids ; les moineaux frappaient aux vitres et des alouettes privées s’égosillaient bravement avec nous (se taisant quand on passait en mode mineur).

Les oiseaux n’étaient pas les seuls commensaux des chiens et des chats ; il y eut des perdrix, une tortue, un chevreuil, des sangliers, un loup, des chouettes, des chauves-souris, des nichées de lièvres orphelins, élevés à la cuillère, — toute une ménagerie, — sans oublier le poulain Zéphir et son aïeule Brouska dont on ne