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fants écrits à Auberive et, là-bas, il m’écrivait les découvertes nouvelles, car nous n’avions pas de journaux.

Il me semble revivre ces jours disparus. Je descends la petite côte mes lettres à la main : celle de Marie, toute pleine de fleurs ; celle de M. de Fleurville, où il me gronde une bonne moitié comme au temps de Montmartre ; celle de ma mère où elle m’assure qu’elle est toujours forte.

Elle me le disait encore au commencement de décembre dernier, tout comme à cette époque, défendant qu’on m’avertit.

Pour revenir de la poste à la baie de l’Ouest, on suivait le bord de la mer ; une odeur âcre et puissante emplissait l’air. Cela sent bon, les grands flots !

Sur le chemin, dans la case de L…, on entend sa guitare, fabriquée à Numbo par le père Croiset. Il fait bon sur le rivage, et l’on pense aux plus éprouvés, — ceux de l’île Nou. — Hélas ! c’est là que sont les meilleurs. On est avide de leurs nouvelles, bien difficiles à se procurer à travers mille obstacles.

Voici les burnous blancs des Arabes, passant dans la vallée. Quelquefois il arrivait des choses drôles. C’est ainsi qu’un jour, une simple dis-