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nous ; la réponse ne lui parvient pas souvent, il est seul à avoir pareil souffle.

Voilà la forge du père Malézieux, la case où Balzenq fait son essence de niaouli ; on se croirait chez un alchimiste.

Pour tout cela les procédés sont aussi rudimentaires qu’au temps de l’âge de pierre. Il faut faire soi-même ses outils en remplaçant comme on peut les choses qui manquent ou qui ne passent pas. Je vois Bunant, sa hachette à la ceinture, allant au bois, équipé comme sa femme, bandit. Du côté du camp militaire est la prison. Beaucoup de nos amis y ont fait de longs séjours ; sous le gouverneur Aleyron elle était toujours pleine ; comme il n’y avait pas de cellules à part pour les femmes on s’est débarrassé une bonne fois de nous en nous envoyant de Numbo à la baie de l’Ouest, ce qui mit fin à mon cours de jeunes gens ; ce cours avait été commencé par Verdure.

Notre rébellion et les conditions qu’on fut obligé de subir pour nous faire consentir à habiter la baie de l’Ouest appartiennent à la seconde partie de mon ouvrage. On céda parce qu’il y aurait eu plus d’ennuis encore pour M. Ribourg à nous laisser nous entêter ; il n’y avait pas, je le répète, de prison particulière pour y loger une demi-douzaine de femmes.