Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/214

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Aujourd’hui, ce sont des ossuaires : il y a quinze ans, c’étaient des abattoirs.

Et les catacombes où on chassait les fédérés aux flambeaux, avec des chiens, comme des bêtes ! Croyez-vous qu’il n’y a pas des squelettes modernes parmi les ossements séculaires !

Et les dénonciations en si grand nombre qu’elles finirent par écœurer, et la peur imbécile, et tout le dégoût, toute l’horreur !

J’ai des lettres de cette époque ; en voici une adressée au général Appert.


Prison de Versailles, 2 décembre 1871.
Monsieur,

Je commence à croire au triple assassinat de mardi matin.

Si on ne veut pas me juger, on en sait assez sur moi, je suis prête et la plaine de Satory n’est pas loin.

Vous savez bien tous que si je sortais vivante d’ici je vengerais les martyrs !

Vive la Commune !

Louise Michel.


On ne voulut pas m’envoyer au poteau de Satory, et je suis encore là, voyant la mort faucher autour de moi. Personne ne sait parmi ceux qui n’ont point éprouvé ce vide immense quel courage il faut pour vivre.

Allons ! point de faiblesse. Oui, vive la Commune morte ! Vive la Révolution vivante !