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dans le tas si quelqu’un semblait changer de place, les ayant effrayés, ils se prirent à fuir, saisis d’une terreur folle.

Quoique nous ayons tous crié : Nous ne les connaissons pas ; ils ne sont pas des nôtres, ils furent fusillés, ne voulant même pas rester debout, les malheureux, disant qu’ils étaient des commerçants de Montmartre, et ne pouvant, affolés qu’ils étaient, retrouver leur adresse dans leur mémoire obscurcie, pour recommander leurs enfants à ceux qui resteraient !

Nous ne pensions guère en sortir. Ces hommes se ressemblaient et devaient être frères. On crut que l’un d’eux disait : Hélas ! Moi j’ai toujours cru qu’il avait dit : Anne, et que c’était sa fille !

Combien furent pris ainsi, qui étaient ennemis de la Commune, comme les deux malheureux du bastion 37 !

Il arrivait d’étranges choses.

Plus tard, lorsqu’on nous conduisit de Satory à Versailles, une femme furieuse se précipita au devant de nous, criant que nous avions tué sa sœur, qu’elle le sait, qu’il y a des témoins. Deux cris sont jetés tout à coup ; sa sœur était parmi nous, faite prisonnière par Versailles.

Satory ! On nous avait dit en arrivant par la grande pluie où la montée glissait : Allons ! montez