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II


Le nid de mon enfance avait quatre tours carrées, de la même hauteur que le corps de bâtiment avec des toits en forme de clochers. — Le côté du sud, absolument sans fenêtres, et les meurtrières des tours lui donnaient un air de mausolée ou de forteresse, suivant le point de vue.

Autrefois on l’appelait la Maison forte ; au temps où nous l’habitions je l’ai souvent entendu nommer le Tombeau.

Cette vaste ruine où le vent soufflait comme dans un navire, avait, au levant, la côte des vignes et le village dont il était séparé par une route de gazon large comme un pré.

Au bout de ce chemin qu’on appelait la routote, le ruisseau descendait l’unique rue du village. Il était gros l’hiver ; on y plaçait des pierres pour traverser.

À l’est, le rideau des peupliers où le vent mur-