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Paule Mink. On se multipliait le plus possible. Si la province eût compris, elle eût été avec nous.

On essaya des ballons remplis de dépêches à la France. Quelques-uns tombèrent bien.

Tous, du reste, n’étaient pas trompés par les bourdes versaillaises. Lyon, Marseille, Narbonne eurent leurs Communes, noyées comme la nôtre dans le sang révolutionnaire ; c’est de celui-là toujours que rouges sont nos bannières ; pourquoi donc effrayent-elles ceux qui les rougissent ?

Les douleurs des paysans sont plus sombres encore que les nôtres ; sans cesse penchés sur la terre marâtre, ils n’en tirent que le superflu du maître, et moins que nous ils ont les consolations de la pensée.

À toi, paysan, cette chanson de colère ; qu’elle germe dans tes sillons ; c’est un souvenir de notre temps de lutte.


CHANSON DU CHANVRE

Le printemps rit dans les branches vertes,
Au fond des bois gazouillent les nids ;
Tout vit, chantant les ailes ouvertes,
Tous les oiseaux couvent leurs petits.
Le peuple, lui, n’a ni sou ni mailles,
Pas un abri, pas un sou vaillant ;
La faim, le froid rongent ses entrailles.
Sème ton chanvre, paysan ! Sème ton chanvre, paysan !