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nous riait au nez, ne bougeant pas plus qu’un terme.

Alors, n’en déplaise à ceux qui comme moi sont esclaves des pauvres bêtes, j’appliquai la loi de nécessité, sous forme d’un coup de fouet bien cinglé à la nôtre, qui repartit secouant ses oreilles, pour la barricade Peyronnet à Neuilly.

Je n’avais pas osé, en allant à Montmartre, descendre chez ma pauvre mère, parce qu’elle aurait vu que j’avais une entorse.

Quelques jours auparavant je m’étais trouvée tout à coup face à face avec elle, dans les tranchées, près de la gare de Clamart. Elle venait voir ce qu’il y avait de vrai dans les mensonges que je lui écrivais pour la tranquilliser ; heureusement elle finissait toujours par me croire…

À la partie suivante quelques récits de nos luttes.

En province on croyait toujours les contes officiels ; la raison d’État exige qu’on fasse de la discorde entre les divers groupes de cette plèbe, dont on laisse assez pour le travail, trop peu pour la révolte, mais qui, entre chaque coupe réglée, repousse nombreuse et forte comme les chênes gaulois.

Quelques-uns des plus dévoués allèrent de Paris à la province ; des femmes, entre autres