Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/186

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ne suivant que leur sensibilité, demandaient qu’on me mît en liberté, ma mère encore chaude !

Ma pauvre mère, morte parce que je n’étais pas là ! La liberté, comme si on m’eût payé son cadavre ! On ne l’a pas fait et on a bien fait.

Est-ce que quelque chose peut m’émouvoir, depuis qu’elle ne souffre plus ?

Je n’attends ni douleur ni joie, je suis bonne pour le combat.

Retournons rapidement en arrière, puisque chaque chose sera reprise : le 22 Janvier, le 18 Mars, le combat, la défaite, les comités d’hommes et de femmes, la déportation, le retour ; les prisons avant et après le retour.


Le 18 mars, sur la butte Montmartre, baignée de cette première lueur du jour qui fait voir comme à travers le voile de l’eau, montait une fourmilière d’hommes et de femmes ; la butte venait d’être surprise ; en y montant on croyait mourir.

Voici pourquoi la butte était l’objectif de la réaction.

Les canons payés par les gardes nationaux étaient laissés dans un terrain vague au milieu de la zone abandonnée aux Prussiens.