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ment j’avais été l’an dernier à Saint-Lazare. Elle m’aurait sentie près d’elle, mon arrivée, à son agonie, lui a redonné un mois d’existence.

Venir à Saint-Lazare ? Je ne l’ai demandé qu’à ses derniers instants, promettant en échange d’aller en Calédonie, au milieu des tribus, fonder cette école que j’avais promise aux Canaques.

On ne l’a pas voulu, ce n’est pas ma faute ; je suis allée près de ma mère mourante : les gouvernants ont été, comme il arrive toujours, moins mauvais que leurs lois ; ils m’ont laissée quelques jours près d’elle.

Toujours l’homme est obligé de briser la loi dont il s’enveloppe comme d’un filet et qu’il étend sur les autres.

Nul homme ne serait un monstre ou une victime sans le pouvoir que les uns donnent aux autres pour la perte de tous.

Si ce livre est mon testament, qu’il en tombe à chaque feuillet des malédictions sur le vieil ordre de choses.

Il y a longtemps que je serais morte si je ne pensais pas que nous aurons bientôt à donner le coup de chien ; celui où flotteront ensemble les bannières rouges et noires.

Encore une chose que les gouvernants ont fait de bien, c’est de ne pas avoir écouté ceux qui,