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tant qu’on voudrait ; le cadre d’abord, afin qu’on puisse fermer le livre où on voudra.

Ce n’est pas ici ce qu’on appelle un ouvrage à sensation, c’est un rapide regard sur la vie et la pensée d’une femme de la Révolution. Cela ne fait guère sensation quand on nous broie ; seulement c’est là que cesse pour nous toute entrave à être d’utiles projectiles dans la lutte révolutionnaire. Personne ne souffrant plus de ce qui nous arrive, rien ne nous arrête, j’en suis là ! Cela vaut mieux pour la cause.

Qu’importe, maintenant, dans le cœur arraché saignant de la poitrine, que des bec de plume y fouillent comme des becs de corbeau, personne n’est plus là pour souffrir des calomnies ; ma mère est morte !

Si elle avait vécu quelques années, quelques mois encore, j’aurais passé tout ce temps-là près d’elle ; aujourd’hui, qu’importe prisons, mensonges et tout le reste ? Que ferait la mort ? Ce serait une délivrance ; ne suis-je pas déjà morte ?

Si je sors d’ici ce sera pour rentrer dans la fournaise où l’on sent le souffle de l’inconnu qui vous fouette au visage.

Que parle-t-on de courage ? Est-ce que je n’ai pas hâte d’aller retrouver ma compagne Marie et ma mère ! Ma pauvre mère, qui vivrait si seule-