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à Trochu une protestation couverte de milliers de signatures.

Le plus grand nombre de ces signatures furent données dans l’indignation ; deux ou trois des listes dont j’étais chargée me furent redemandées sous prétexte qu’il y allait de la tête : des gens timides avaient réfléchi.

Est-ce que ce n’était pas de la tête de nos amis qu’il y allait ? J’avoue n’avoir pas voulu effacer ces deux ou trois signatures de personnes timides.

— Eh bien ! tant mieux, leur disais-je, nous irons de compagnie.

Ce n’était pas chose facile d’arriver jusqu’au général Trochu ; il fallut pour y parvenir tout l’entêtement féminin.

Après être entrées presque d’assaut dans une sorte d’antichambre, on voulait nous faire partir sans voir le gouverneur de Paris. Les mots : « Nous venons de la part du peuple », sonnaient mal à cet endroit-là. Sur l’invitation de nous retirer, nous allâmes nous asseoir sur une banquette contre le mur, déclarant que nous ne partirions pas sans réponse.

Las de nous voir attendre, un secrétaire alla chercher un personnage qui dit représenter Trochu, vint et, soupesant le volumineux cahier