Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/162

Cette page a été validée par deux contributeurs.

des noms de la pègre impériale où je prétendais avoir servi, les donnant pour aller aux renseignements. Il finit par me faire pitié, et je lui jetai au nez toute l’histoire en riant comme une folle.

Quelle fantasmagorie que l’influence des noms ! Cette leçon donnée au pauvre diable valait bien le plaisir d’aller mettre un peu de poivre dans des mets sucrés pour me faire mettre à la porte par des gens habitués aux vrais cordons bleus.

Le placeur, une fois détrompé, se mit à m’invectiver, et je partis en riant comme à l’ordinaire, lui disant effrontément : — Une autre fois, ne vous laissez pas embonaparter aussi facilement avec ces noms-là.

Je poursuis l’esquisse d’une chose pendant que je la tiens ; il y en a tant de choses entassées depuis l’année du siège, qu’on n’en finirait pas.

Parmi les institutrices rencontrées rue Hautefeuille, une des plus âpres à recueillir les épaves de science était Mlle Poulin, institutrice à Montmartre. Minée depuis longtemps par une maladie de poitrine elle ne la sentait même pas, entassant le plus de savoir possible pour s’en aller dans la tombe.

Tout à la fin de l’Empire, nous avions réuni nos deux institutions, au 24 de la rue Houdon,