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charnier ; quelquefois les cours d’histoire grondaient en Marseillaise et cela sentait la poudre.

Comment trouvions-nous le temps d’assister à ces cours plusieurs fois par semaine ? Il y en avait de physique, de chimie, de droit même ; on y essayait des méthodes. Comment pouvions-nous, outre nos classes, faire nous-mêmes des cours ? Je n’ai jamais compris que le temps peut être aussi élastique ! Il est vrai qu’on n’en perdait pas et que les journées se prolongeaient ; minuit semblait de bonne heure.

Plusieurs d’entre nous avaient repris, à bâtons rompus, des études pour le baccalauréat ; mon ancienne passion, l’algèbre, me tenait de nouveau et je pouvais vérifier (cette fois avec certitude) que, pour peu qu’on ne soit pas un idiot, on peut, pour les mathématiques se passer de maître (en ne laissant aucune formule sans le savoir, aucun problème sans le trouver).

Une rage de savoir nous tenait et cela nous reposait de nous retrouver, deux ou trois fois par semaine, sur les bancs nous-mêmes, côte à côte avec les plus avancées de nos élèves que nous emmenions quelquefois ; heureuses et fières, elles ne songeaient guère à l’heure.

Plus on s’enfiévrait de toutes ces choses, plus