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de mon tablier le papier blanc plein de roses sèches que j’avais préparées sans espérance.

Enfin voyant que j’avais le cœur gros, il me les demanda, et une fois rentrée en grâce, si je fis d’autres malices, ce n’était plus celles que l’inspecteur pouvait reprocher à monsieur le maître.

Gagnant si peu qu’il faisait toutes sortes de petits travaux pendant les longs étés où les enfants ne vont pas en classe dans nos villages, le vieux maître était toujours gai ; je ne l’entendis jamais dire une parole amère.

L’école de Vroncourt est une maison obscure, n’ayant que deux pièces : la plus grande donnant sur la rue est la classe ; l’autre où il ne fait jamais clair donne sur le coteau plein d’herbe ; la fenêtre se trouve comme un soupirail de cave au ras du sol : c’est le logement de l’instituteur. Il y avait à cette fenêtre, comme à celle de la classe, de toutes petites vitres et des rideaux de cotonnade rouge.

Devant la fenêtre de la classe travaillait tout l’hiver, à des ouvrages de couture, la femme du maître d’école (la maîtresse) ; son profil, un peu sévère sous sa grande coiffe blanche, me semblait très beau. Près d’elle, les jours de catéchisme, venait s’asseoir ma tante Victoire, pour vérifier si je l’avais bien appris.